Le monument aux morts

Un farouche réquisitoire contre la Guerre

Chronologie – Dates majeures dans l’histoire du monument

Le 8 décembre 1918, le maire de Saint Martin d’Estreaux, Pierre MONOT (1866-1931), énonce sa volonté, lors de la séance du conseil municipal, d’ériger un monument en mémoire des victimes de la guerre de 14 /18. Il fixe le modèle du monument qui doit avoir une originalité locale, comporter de grands tableaux en marbre noir sur lesquels seraient gravés le nom des 64 disparus, avec photographies sur médaillons émaillés, et utiliser le buste en bronze de la République, modèle Injalbert, qui est à la mairie.

Le 25 janvier 1920, le conseil municipal approuve les  plans du monument aux morts réalisés par le sculpteur Roannais Jean Baptiste PICAUD.

Le 10 mai 1921, présentation du projet : soubassement  en granit de Droiturier comprenant une bordure et des marches d’escalier pour recevoir le gros œuvre. Le gros œuvre est en pierre blanche de Chauvigny, la partie centrale contient un bas relief en marbre de Carrare. Au dessus se détache le buste de la République, surmonté d’une colonne se terminant par une flamme. De chaque coté en façade, deux panneaux destinés à recevoir les plaques de marbres noirs sur lesquelles seront gravés les noms des soldats, accompagnés d’une photographie sur médaillon émaillé.

Le 30 octobre 1921, le maire informe le conseil municipal que « le relief, les plaques et les médaillons ont été offerts par des particuliers ». Seul l’édicule est à la charge de la commune qui compte sur les subventions du département, de l’Etat et sur la mise en place d’une souscription auprès des 1648 habitants. Le projet est validé.

Le 28 mai 1922, signature  du procès-verbal de réception définitive des travaux d’érection du monument commémoratif aux victimes de la guerre de 1914-1918. Le monument est érigé sur la place de l’église.

La grande originalité du monument est le texte pacifiste qui figure au dos et dont on ne trouve aucune trace dans les délibérations. La datation précise est donc impossible.

Cependant un article du Journal de Roanne du 8 octobre 1922, rubrique « Les échos de la Loire », mentionne ces inscriptions en dénonçant leur caractère « révolutionnaire…unique en France…qui pousse nos morts dans la fosse commune avec les morts envahisseurs… »

Consulter les textes du monument (cliquer ci-dessous)
Textes du monument

Le 4 décembre 1930, le monument est dégradé, son caractère pacifiste et antimilitariste ne semble pas plaire à tout le monde comme en témoigne la circulaire anonyme diffusée peu avant et intitulée « Le scandale du monument aux morts ». Ce tract appelait les anciens combattants à « exécuter le nettoyage nécessaire et débarrasser leurs camarades de l’intrus et de sa protestation contre la guerre. »

Le maire Pierre MONOT reçoit des menaces de mort, on l’accuse notamment d’avoir érigé un monument avant tout à sa propre gloire, et d’en avoir détourné le symbole par les inscriptions pacifistes. Afin de réhabiliter le message porté par l’édifice, Pierre MONOT fait éditer une carte postale représentant les différentes faces du monument et le détail des inscriptions.

Le 31 janvier 1932, un second acte de vandalisme est commis.

Le 16 novembre 1932, le journaliste Paul BLOCK, publie un article dans le « Berliner Tageblatt » , quotidien allemand, au sujet du monument, ce qui lui conférera une renommée internationale en le consacrant comme un véritable manifeste de pacifisme militant. Il existe seulement une vingtaine de monuments pacifistes en France.

En mars 1942, le buste de la Marianne original en bronze est réquisitionné et déposé afin d’être fondu pour en récupérer le métal.

En 1945, le buste manquant est remplacé par un autre, lors de la fête du retour des prisonniers. Il sera volé par la suite.

En 1947, le monument est inauguré de façon officielle, lors de l’inscription des victimes de la guerre de 39-45. Une plaque de marbre noir avec l’inscription des noms des morts de la guerre 39-45, et leurs photographies est apposée sur le côté. Cette même année des travaux d’éclairage du monument sont réalisés.

Le 22 février 1989, le monument est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

En 1994, création de l’Association laïque des amis du monument pacifiste de Saint Martin d’Estreaux, (ALAMPSME), rattachée à la libre pensée. Le buste volé est remplacé par un modèle de Serge SANGAN .

En 2005, l’association fait poser devant le monument une plaque pour la réhabilitation des fusillés, plaque qui sera volée quelques années plus tard.

2006, réalisation de travaux d’entretien sur le monument,

2008, réalisation d’une couverture en tôle de cuivre façonnée pour protéger le monument.

Restauration du Monument

En 2016, constatant l’effacement avancé de certaines inscriptions le conseil municipal mandate le cabinet « Archipat », architectes du patrimoine afin d’établir un diagnostic à la suite duquel, en janvier 2018, il est décidé de restaurer les éléments emblématiques du monument que sont les médaillons et les inscriptions, mais aussi de procéder à des interventions sur la maçonnerie.

Des subventions sont sollicitées auprès de la Drac (direction régionale des affaires culturelles) et du Département.

Par ailleurs le monument étant seulement inscrit à l’inventaire des monuments historiques une démarche de classement est engagée. Le dossier est toujours en cours d’instruction auprès des services de l’Etat.

Les travaux commencés le 30 septembre 2019 se sont terminés le 11 mars 2020.

Description des travaux : les médaillons seront maintenus en place, leur restauration est confiée à Mme Gaëlle Giralt, restauratrice métal et céramique d’objets d’art. Le buste  en bronze sera nettoyé et patiné avec une finition de teinte bronze brun. Mme Fanny Grué interviendra pour le lot pierre polychrome.  La pierre et tous les éléments sculptés seront soigneusement  nettoyés afin de redonner au monument son aspect d’origine. Pour la protection du monument la couvertine sera reprise et élargie. L’éclairage du monument se fera par l’installation de quatre projecteurs led, en remplacement des trois anciens  projecteurs qui ne fonctionnent plus.

Le montant de la restauration s’élève à 51 700€ sans l’éclairage.

Les subventions sont d’un montant de 17 500€ pour la DRAC et 19300€ pour le Département. Reste à charge pour la commune 14900€.