ALAMPSME

Le 22 février 2022 à 11h, notre association a organisé le rassemblement Pacifiste d’Ambierle, Place des Martyrs de Vingré.
Le rassemblement de St Martin suivi d’un repas fraternel a eu lieu le 05 novembre 2022 à 11h30.
Ce début d’année a été marqué par une nouvelle guerre sur notre continent en Ukraine. Le centenaire de l’érection et des inscriptions de notre célèbre monument aux morts a pris tout son sens car l’actualité nous montre de jour en jour que les écrits de Pierre Monot ont toujours la même valeur et la même justesse après les 100 années écoulées.

Le 11 décembre 2022 lors de la commémoration du centenaire organisée par la mairie, notre présidente d’honneur Danielle ROY a fait un rappel historique sur l’engagement de Pierre Monot et la constitution de notre association.

Allocution de Danielle ROY :
En 1994, à l’initiative de la Fédération Nationale de la Libre Pensée était créée l’Association laïque des Amis des monuments pacifistes de Saint-Martin d’Estreaux et du département de la Loire. Il existe une quinzaine d’associations de ce type qui se donnent pour tâche d’honorer des monuments porteurs de messages pacifistes tels celui de Gentioux dans la Creuse ou plus près de nous celui de Rocles dans l’Allier.

C’est au nom de  cette association laïque que j’interviens.
Je remercie Madame la Maire et le Conseil municipal de Saint Martin d’Estreaux de nous avoir invités à cet hommage que nous rendons à Pierre Monot, le maire qui, il y a 100 ans, a été avec son conseil municipal l’initiateur de ce monument devant lequel nous sommes aujourd’hui rassemblés. Un monument dont on peut affirmer sans risque de se tromper qu’il est unique en son genre. Car si en France on peut dénombrer une bonne dizaine de monuments qui crient « Maudite soit la guerre », il n’y en a pas d’autre qui porte un véritable manifeste pacifiste, humaniste, entièrement dédié aux conditions concrètes du bonheur de l’humanité.
C’est au cours de la guerre que Pierre Monot prend conscience du désastre que représente cette monstruosité. Notamment en tant qu’édile qui doit prendre en charge les soldats mutilés physiquement et mentalement. Il dénonce l’inqualifiable transfert de responsabilité et de frais qui devraient incomber à l’État sur le budget des communes.
Il n’est pas étonnant que bien avant la loi du 25 octobre 1919 qui réglemente l’érection des monuments aux morts, Pierre Monot ait proposé à son Conseil municipal du 8 décembre 1918, donc immédiatement après l’armistice d’ériger un monument – je cite – « à la mémoire des victimes de la guerre »
Le maire – je le cite encore – « voudrait que l’on fasse quelque chose de bien, qu’on ait son originalité locale sinon il préférerait ne rien faire du tout »
Cette proposition est adoptée par le Conseil municipal.
Au Conseil général du 7 mai 1920 Pierre Monot dans une réponse à Ferdinand Faure s’exprimait ainsi :
« Il est nécessaire que ces monuments soient élevés et qu’on leur donne un caractère spécial de protestation contre la guerre »
En définitive on peut constater à la lecture du texte que nous avons sous les yeux que c’est beaucoup plus qu’une protestation contre la guerre. Certes s’exprime dans ce texte la condamnation de la tuerie qui fait s’affronter des hommes qui ne se connaissent pas et qui ont des intérêts communs pour le bénéfice des grands de ce monde qui eux se connaissent bien  mais ne se battent pas. Mais la condamnation va plus loin quand elle évoque « des innocents au poteau d’exécution, des coupables aux honneurs ».

Il est clair que le Maire en dénonçant ces crimes pense aux six fusillés de Vingré, deux sont originaires d’Ambierle, ce sont des voisins, 3 autres de l’Allier et Pierre Bardet, le beau frère du Maire appartenait au même régiment que ces fusillés qui étaient donc des frères de combat. Il a été témoin de l’odieuse machination. Pour le Maire, obtenir la réhabilitation des fusillés de Vingré sera un combat sans faille, aidé en cela par son beau-frère.
C’est un combat qui n’a rien perdu de son actualité. La proposition de réhabilitation des 639 fusillés pour l’exemple a été adoptée par l’Assemblée Nationale sur proposition d’un député de la LFI. Au cours des débats, un député LR de la Manche, Philippe Gosselin, a fait une intervention très émouvante, ce qui montre que ce problème traverse des sensibilités politiques diverses. C’est un pas en avant considérable. Elle va devoir maintenant être soumise au Sénat. Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier Madame Cukierman et Monsieur Tissot de leur engagement pour cette cause.
Ce texte inscrit dans la pierre, c’est un manifeste pour la construction d’un monde apaisé, de bonheur et de développement humain.
On peut penser que le Maire a adressé à la commission préfectorale qui donnait son aval à la réalisation des monuments un projet de monument avec ces trois panneaux, sans texte mais marqué chacun par des symboles comme on en trouve sur beaucoup de monuments et qu’ainsi il se prémunissait, à juste titre, contre une éventuelle censure.
Et déjà un an avant l’édification définitive du monument, Pierre Monot à l’inauguration du monument d’Urbise, petit village tout proche évoquait ces mêmes thèmes : « Nous voulons voir remplacer la fabrication des engins de destruction et de mort par la fabrication des machines et des engins utiles et productifs de bien-être pour l’humanité. […] Nous voulons encore et c’est la question capitale qu’une instruction assainie et étendue soit enfin donnée aux enfants de tous les peuples en vue de préparer l’avènement de la paix universelle sur la terre ».
Tout laisse à penser que le Maire et le Conseil Municipal ont bénéficié de l’adhésion d’une grande majorité de la population. La polémique fut suscitée par l’Abbé Descombes qui n’hésita pas dans le Bulletin paroissial de St Martin à dénoncer les inscriptions du monument en demandant au Préfet de la Loire d’agir comme celui du département des Landes. A Tarnos, petite ville industrielle de ce département, le Préfet avait intimé l’ordre au Maire d’effacer les inscriptions pacifistes que son Conseil municipal et lui-même avaient fait graver dans la pierre. Le Maire ayant refusé, il fut, tout simplement si on peut dire, destitué. Par bonheur, l’appel de l’Abbé Descombes au préfet pour qu’il sévisse ne fut pas entendu! On peut penser que le mandat de conseiller général de Pierre Monot a dissuadé  le préfet d’intervenir.
Enfin, je souligne que le développement de l’instruction publique fut également un souci majeur du Maire de St Martin. L’école laïque pour les filles ouvre en 1904. Il préconise une visite médicale mensuelle pour les enfants souffreteux, toujours soucieux du bien-être de chacun.
Toutes ses déclarations et prises de position à propos de l’école sont marquées par des convictions profondément laïques, convictions que partageait Monsieur Hugonneng instituteur du village et secrétaire de mairie.

Pour conclure, je voudrais exprimer le souhait que la plaque que nous allons inaugurer ne subisse pas le sort de celle que l’ALAMPSME avait inaugurée en mai 2005 en présence du Maire, Monsieur Collanges, et qui revendiquait :

Réhabilitation des mutins de 1917 et des victimes des conseils de guerre.L’adhésion annuelle à l’Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes de Saint-Martin d’Estreaux et du Département de la Loire est de 10€. Informations auprès de Bruno Déplace.